• Un monde en commun promouvant l’écologie humaine

    Message dans le cadre du gala d’une association rémoise promouvant la réussite scolaire des élèves de la diversité française

    Un texte de Jean l'Amandier

    A la suite de l’intervention remarquable du professeur DJEBBAR, j’aimerais vous dire quelques mots sur mes origines pour que vous compreniez parfaitement le sens de mon intervention et le thème choisi un monde commun promouvant l’Ecologie Humaine.

    Je soulignerais sans doute, la plus importante, celle de mes racines qui remontent à mon enfance, née d’une mère native de Fès qui a grandi au milieu des trois religions monothéistes. Toute sa vie a été marquée par le fait d’avoir croisé cette mixité culturelle incarnée par la ville de Fès à la fois juive, musulmane et chrétienne.

    Toute mon enfance a baigné dans cette transmission culturelle, par ces trois marqueurs, par ces trois identités, cette volonté de m’ouvrir aux autres y compris dans ma vie d’entreprise où mes collaborateurs incarnaient ces mêmes origines.

    Le monde dans lequel nous sommes aujourd’hui est un monde clivant, segmentant où les conflits idéologiques nous empêchent cette ouverture aux autres, cette rencontre de l’autre dans sa différence.

    Dans un contexte de tensions, le début du XXIe siècle se présente à nous comme l’annonce d’une période :
    - d’uniformisation des cultures rejetant la variété et la richesse des savoirs pluriels et complémentaires,
    - de nivellement à marche forcée, voulant l’égalisation oubliant forcément le respect des différences,
    - d'unification du monde sous l'emprise de la technicité, négligeant cet avertissement de Martin Luther King « Tous les progrès sont précaires, et la solution d’un problème nous confronte à un autre problème »,
    - de consumérisme nous faisant miroiter que consommer plus c’est forcément là que se trouve notre bien-être mais nous plonge en réalité dans de profondes frustrations, des déceptions inaltérables.
    - de globalisation des marchés financiers et économiques qui nous font croire que la croissance sera toujours au rendez-vous.

    Or ce XXIe siècle pourrait aussi être celui des tensions exacerbées, de conflits géopolitiques, de sa division et de son éclatement du fait des dogmatismes culturels.

    Mais en revanche il viendra un temps où il sera sans doute plus difficile de classer les gens, de les enfermer dans des cases, des catégories. Nous devons nous réjouir de l’avancée d’hommes ou de femmes qui dénoncent ou dénonceront demain les pouvoirs nauséabonds, écrasants du consumérisme, de la technicité, de la finance du relativisme moral, de l'angélisme faussement humaniste !

    Nous devons nous réjouir que des hommes et des femmes soient déjà en mesure de faire bouger les lignes de leurs institutions, de leurs chapelles respectives et décident ensemble de se lever pour dépasser les clivages, les frontières qu’ils s’étaient dessinés en raison de leurs dogmes et doctrines oubliant ainsi qui était le prochain.

    Que dans nos sensibilités diverses, la dimension ontologique, l’essence même de la vie, la raison, le réel, la culture fassent que nous retrouvions du sens qui nous rapprochent et qui nous feront bâtir un monde commun, un monde à hauteur d’hommes !

    Ceux qui défendront le Bien seront toujours du côté de la vie, prendront soin du vivant, de l’homme et de tout l’homme, se battront pour les vrais enjeux de l’inégalité et feront que le plus petit en raison de son handicap ne soit jamais rejeté, ne soit jamais exclu, que la personne qui soit en souffrance ne soit pas relégué dans des institutions froides mais soient accueillis par des hommes et des femmes touchés par la compassion et l’amour de leur prochain.

    Les lignes vont bouger et des hommes et des femmes qui se croyaient éloignés vont forcément entrer dans les mêmes combats, celui d’entrer dans la bienveillance et devenir enfin le sel de la terre !...

    Mais construire un monde commun n’est possible qu'à condition de reconnaître que la politique ne procède pas de la tentative de surmonter les différences par une civilisation de barbelés, « de murs qui ne sauraient être qu’une police de la socialité ». Un monde commun, c’est d’abord un monde de rencontres, un monde où l’on aime ce qui a du relief et non ce qui est plat, non ce qui est nivelé, un monde qui ne craint pas la culture.

    Avec Rézak qui est Professeur d’université, nous sommes enseignants dans une très belle école d’ingénieurs, nous enseignons à nos élèves l’innovation.

    La culture se nourrit de mélanges

    L’innovation n’est possible qu’en croisant les différences. Toute tentative de féconder, d’enrichir en effet est vouée à l’échec si l’on n’accepte pas la recherche de combinaisons, d’additions de croisements, de métissages, de croiser les différences. V’est vrai anthropologiquement, c’est ce que nous enseigne la nature, c’est vrai également dans les sciences et la culture.

    La culture comme la nature se nourrissent ainsi de mélanges et composent des peintures et des paysages qui viennent magnifier la vie. La culture ne clive pas l’univers des sciences et des arts. La culture c’est intriquer ces mondes sans les opposer. Autant dire que nous avons besoin de maitres forgerons et de dessinateurs, de paysagistes et de poètes, de savants et de philosophes, de mathématiciens et de musiciens.

     

    Un monde commun, c’est un monde de mélanges et de diversités

    Un monde commun, c’est un monde de mélanges et de diversités, c’est un monde de mixité qui est une anti ghettoïsation. Un monde commun est un monde d’écologie humaine où prendre soin du vivant et de tout être devrait être le leitmotiv.

    L’écologie humaine procède de cette interaction du vivant et de son milieu, l’écologie humaine est d’abord une affaire de relations et une affaire de relations bienveillantes entre les hommes et des hommes avec leur environnement.

    Etymologiquement l’écologie vient du grec « oikos » qui vient de l’habitat. L’habitat aurait un sens naturel et existentiel, un sens technique (transformer l’environnement, le rendre habitable par des conceptions durables, nécessaires et esthétiques), mais aussi un sens ontologique du point de vue de l’action où l’homme révèle toute son identité et sa spécificité à travers son inventivité, son ingéniosité, sa créativité, sa liberté.

    L’excellence et la bienveillance au service d’un monde commun

    L’excellence et la bienveillance, deux dimensions complémentaires nécessaires à la construction d’un monde commun, un monde d’écologie humaine.

    Le 8 avril 2014 à Reims a été lancé le courant pour une écologie humaine dont l’un des trois initiateurs est Pierre Yves-Gomez Economiste très connu dans la sphère de l’entreprise et du management.

    Ce courant ne s’inscrit pas comme une nouvelle mouvance politique ou confessionnelle mais comme la recherche d’une transformation de nos sociétés de l’intérieur en y injectant la dimension de la bienveillance.

    Transformer le monde en commençant par soi

    Transformer l’univers comme le dit excellemment un proverbe indien n’est possible que si on la commence à travers la plus petite partie de l’Univers et qui a pour résidence le cœur de l’homme.

    « Il n’y a qu’un seul coin de l’univers que vous pouvez changer : c’est vous-même ! En changeant ce coin, vous changez l’univers… »

    Changer le monde ne sert à rien si le changement ne commence donc pas par soi.

    Ce changement de cette infime partie de l’univers s’inscrit dans la recherche de l’excellence qui est le dépassement de soi, la bienveillance qui est de transcender et de surmonter malgré tout les différences qui nous opposent.

    A l’instar des trois grandes figures scientifiques qui vous ont été à l’instant évoquées dont les arrières plan culturels sont différents, je veux vous citer trois auteurs, le premier est musulman, le second est chrétien, le troisième est juif.

    Averroès fut au XIIe siècle l'un des plus grands philosophes de la civilisation arabo-islamique. Il fut notamment le commentateur du Philosophe Aristote. Averroès dénonçait déjà à son époque l’ignorance. Toute sa vie ce philosophe musulman témoignait d’une véritable ouverture d'esprit et de modernité, d’une culture réellement brillante.

    Averroès que je cite disait que « l'ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine, la haine conduit à la violence... voilà l'équation ». Une équation infernale finalement… L’écologie humaine plaide pour une culture interactive, ouverte au monde qui se nourrit d’une relation à l’autre, d’une connaissance de l’autre. Fuyons donc l’ignorance.

    J’aime aussi cet autre auteur sans doute contesté mais dont le Manifeste des Indignés donne à réfléchir pour toutes les générations qui ont cessé elles de s’indigner. Je voudrais vous évoquer rapidement la figure de Stéphane Hessel, ce résistant d’origine juive résistant contre le nazisme, déporté à Buchenwald.

    Ce que j’aime chez ce grand résistant c’est son rapport aux autres, son rapport à la vulnérabilité, son rapport à la bonté, finalement à la bienveillance.

    J’aimerais ici le citer : « Je voudrais vous donner à méditer un vers, un seul, qui aidera les jeunes générations à entreprendre, poétiquement ou politiquement, la construction d'une société radicalement nouvelle par rapport à celle dont nous déplorons l'existence de nos jours. Il est extrait de La jolie rousse de Guillaume Apollinaire : Nous voulons explorer la bonté, contrée énorme où tout se tait ».

    Enfin un troisième auteur me vient en tête, celui du Pasteur Martin Luther King avec ce célèbre discours « j’ai fait un rêve ». Je vous partage un extrait, court extrait mais tellement riche de sens et c’est ce rêve que nous pouvons formuler à votre endroit…

    « J'ai le rêve qu'un jour mes quatre enfants vivront dans une nation où ils ne seront pas jugés pour la couleur de leur peau, mais pour leur caractère. »

    Je vous énonce aussi ce rêve que je vous partage celui de la recherche de l’excellence et de la bienveillance, que chacun d’entre nous et à vous tous qui incarnez la nouvelle génération de contribuer pour votre part à être des éléments moteurs du changement en construisant ce monde commun, cette écologie humaine, tissant des ponts et abattant les murs ne passant pas son temps à dénoncer ce qui blesse et abime l’homme mais à repérer ce qui dans les pratiques économiques, sociales, artisanales, familiales nous rend les uns et les autres meilleurs, libres, vertueux et respectueux.

    Pour conclure…

    « Quand je désespère, je me souviens que dans l’histoire, la voix de la Vérité de l’Amour finit toujours par triompher, que même si pendant un temps, les tyrans et assassins semblent invincibles, à la fin ils tombent… » Gandhi.

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